Témoignage d’Anciens : Comment se portent les Etats-Unis d’Amérique ?

Spécial USA

Dans cette édition, vous trouverez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la première puissance économique mondiale, les Etats-Unis d’Amérique : le rêve américain, l’ambiance, les motivations au départ et bien plus encore…

Pour guider nos âmes, les témoignages recueillis sont ceux de deux Anciens, Cédric Le May (Promo 2001) et Denis Garcia (Promo 2000). Ils vont nous raconter leur approche du royaume du billet vert et du hamburger.

Mais tout d’abord, voici leur fiche d’identité :

| Identité | Cédric Le May |
| Promotion de sortie EISTI | 2001 |
| Autres formations | — |
| Société, lieu | National Institute of Standard and Technology (NIST) à Gaithersburg, MD – USA |
| Poste occupé | Guest Researcher – Computer Security Division |
| Domaine | Securité Informatique / Cryptographie |

et:

| Identité | Denis Garcia |
| Promotion de sortie EISTI | 2000 |
| Autres formations | — |
| Société, lieu | secretSEAL à Menlo Park, California – USA |
| Poste occupé | Chef de projet |
| Domaine | Software engineering |

Nous avons donc deux profils : celui d’un chercheur, ainsi que celui d’un Chef de projet.

2πr – 5 mois après les évènements tragiques qui ont frappé les Etats-Unis, la première question que l’on se pose est comment réagi aujourd’hui le marché américain ?

Cédric Le May (C.L.M) : Après les évènements du 11 Septembre, je n’ai pas remarqué de baisse ou d’augmentation de l’activité du marché américain. En effet, les américains ont cette grande force de ne jamais être pris au dépourvu même si les évènements qui les frappent sont violents.

Les conséquences de cet acte tragique et lâche ont été une augmentation phénomale de la vente des drapeaux americains et autres objets à tendance pro-américaine ou anti-OBL (ndlr : OBL – Osama Ben Laden). Un esprit d’équipe s’est installé et partout on peut voir ces mots : « United We Stand ». La sécurite a été bien-sûr renforcée dans tous les sites sensibles. Il est bien évident que ce qui s’est produit limitera beaucoup l’entrée des étrangers dans les sites gouvernementaux comme le nôtre (le NIST). Que cela n’empêche pas les Eistiens de tenter leur chance !

Denis Garcia (D.G) : Depuis Janvier 2001 les marchés américains, en particulier le marché des Nouvelles Technologies, ont progressivement retrouvé le sens des réalités. Les valeurs boursières ainsi que les valorisations des entreprises sont devenues de plus en plus modérées et certainement plus dans la realité. On est revenu dans une logique de production.

Je pense que le 11 Septembre (ndlr : déstruction des tours du World Trade Center par des terroristes) a fait peur a beaucoup de gens. Ici on se sentait en guerre. Pourtant étrangement il me semble que l’impact sur les entreprises n’a été que modéré et a juste bien aidé la tendance qui règne ici depuis Janvier 2001.

2πr – Les Etats-Unis sont un acteur mondial incontournable : fascination ou obligation, qu’est-ce qui vous y a conduit ?

(C.L.M) : Pour moi, les Etats-Unis m’ont toujours beaucoup impressionnés. Je pense que personne ne dira le contraire si je dis qu’ils ont bercés notre enfance et notre adolescence par l’intermediaire des médias, que ce soit par les nombreux films (et séries télévisés) ou bien par la musique ou encore le sport …

Il était évident qu’avec le statut qu’a l’EISTI aujourd’hui et la possibilité que l’on a d’aller faire son stage de fin d’étude a l’étranger, j’allais tenter ma chance là-bas !

(D.G) : Je dirais la chance… d’autres diraient l’entreprenariat. J’ai en effet eu la chance de participer à la création d’une entreprise. Nous sommes venus à trois français. Nous sommes maintenant 18 et nous embauchons plusieurs personnes par mois depuis Novembre. Notre CEO, Alain Rossmann, nous a rejoint en Juin dernier et joue un role extraordinaire. Il s’agit de sa cinquième entreprise. Les quatre premières ont été un succès.

Je considère avoir de la chance de travailler dans des conditions extraordinaires et même si je pense qu’un passage aux Etat-Unis n’est pas obligatoire, je trouve néanmoins que c’est une expérience très interessante qui nous montre un monde du travail surréaliste et passionnant.

2πr – Comment est percu l’ingénieur francais et plus particulièrement l’ingénieur EISTI de l’autre côté de l’Atlantique ?

(C.L.M) : Je travaille dans une societé gouvernementale et le rythme de travail ainsi que les gens qui y sont employés ne sont pas tres représentatif du monde du travail aux Etats-Unis dans le privé.

Dans mon cas précis, il s’agit d’une sorte de programme d’échange entre la France et les Etats-Unis. Mais pour dire vrai, les francais sont très bien vu puisqu’en effet, sur un total d’envrion 1200 personnes venues de partout dans le monde (Guest Researcher and other Associate Status), il y a bien entre 10 et 15% de personnes venues de différentes écoles en France. Pour l’instant, nous sommes 3 Eistiens et j’espère bien voir ce nombre augmenter chaque année.

Avis aux intéressés …

(D.G) : L’ingénieur français est plutôt bien perçu de ce côté-là de l’Atlantique. En général, il est vu comme travailleur et techniquement très bon. Par contre, on le considère souvent peu cher et mauvais en affaires. Mais cela ne m’étonne pas (ou plutôt… plus).

2πr – Les Etats-Unis possèdent des Universités de renommée internationale. Qu’est-ce qui fait le plus d’un Eistien sur ce marché ?

(C.L.M) : Il est vrai que beaucoup d’universités americaines ont une réputation internationale qui forment chaque année des personnes d’un très haut niveau. J’ai eu l’occasion d’en cotoyer quelques uns et pour moi — cela reste un avis tout a fait personnel — je pense que les américains manquent de rigueur. Le plus que je donnerais a un Eistien n’est peut-être pas tant sur sa formation — puisque notre formation aussi bonne soit elle reste standard — mais plus sur sa facon de s’en servir. La diversité des cours, les TPs et autres projets nous donnent une vision globale et un esprit pratique qui, je pense, est unique en soi.

Dans le monde du travail, cela reste sans aucun doute un avantage tres apprecié !

(D.G) : L’Eistien a la chance d’avoir fait ses études dans un cadre où il a pu facilement dévelopé, s’il l’a voulu, le sens du travail en entreprise. Je n’ai eu aucun problème pour m’adapter ici, si ce n’est la langue.

En effet, le seul moyen d’améliorer ce dernier point serait de proposer des cours en anglais a l’EISTI (clin d’oeil a Monsieur Fintz).
J’estime que la pratique du language fait 80% de la comprehension. Cependant, le travail de la grammaire évite les erreurs répétitives.

(ndlr : dans une interview consacrée à l’EZK, le journal interne de l’Ecole, et relayée par la e-Lettre(#6) sur ce point, notre Directeur, M. Fintz, a annoncé l’intensification de la pratique de la langue anglaise à l’EISTI avec des cours en anglais ainsi que la création dès la rentrée 2002 d’une filière en première année exclusivement en anglais, destinée aux étudiants non francophones accueillis par l’Ecole ainsi qu’aux étudiants souhaitant parfaire leur maîtrise de cette langue).

2πr – On stigmatise beaucoup l’ambiance de travaile chez l’Onlce Sam comme étant oppressante, où il faut tout donner, et qu’une fois ce stade de rentabilité passé, l’entreprise vous congédie. Vrai ou faux ?

(C.L.M) : Une fois de plus, je suis un « employé » d’une société gouvernementale qui attribue des budgets pour les Guests Researchers que nous sommes donc je pense que ma vision du travail aux Etats-Unis dans ce domaine est un peu erronée, mais je vais tout de même essayer d’y répondre avec l’experience que j’ai acquise ici.
Je pense que le système américain favorise ce genre de comportement dans les societés privées. Ceci dit, à ma connaissance, les bons employés sont très bien traités et le rêve américain existe bel et bien. Avec du talent et beaucoup de travail, on monte très vite les échelons et les récompenses pour un travail bien fait ou un projet mené à terme sont très motivantes.

(D.G) : L’ambiance de travail ici n’est pas oppressante à mon sens. Disons que le stress n’est pas le même qu’en France. Ici, les gens font vraiment plus partie de l’ogranisation et veulent que leur entreprise réussisse.

Effectivement il n’existe pas de préavis. On peut vous demander de partir n’importe quand. D’un autre côté, on peut soi-même partir lorsqu’on le souhaite et sur le champ, ce que les exécutifs ne prennent pas a la légère ! En général, les entreprises sont beaucoup plus proches des salariés : plus le salarié se sentira bien dans son cadre de travail, plus il aura envie de rester. Or, on se sent bien dans une entreprise américaine et on a un « BON stress »… un stress qui nous pousse à travailler pour que l’équipe réussisse.

2πr – « Aujourd’hui aux Etats-Unis, demain en Europe ». Avec cette petite longueur d’avance typiquement américaine, peut-on savoir quelles seront les secteurs ou technologies porteurs dans un avenir proche ?

(C.L.M) : En fait, si je regarde bien autour de moi les offres d’emplois, je remarque que la veille technologique et le marché de l’Internet se porte toujours aussi bien. Je pense que l’avenir est dans toute la technologie et les réseau wireless (optique ou non). C’est une tendance que je remarque par ici mais une fois de plus, je travaille dans le domaine de la Recherche avec d’autres personnes et donc ce que je dis ici est le reflet de ce que je vois quand il m’arrive de trainer près de certains bureaux ou d’autres projets sont en cours…

J’ajouterais que les sociétés commencent a prendre conscience de l’importance d’un pôle Sécurité au sein de leur entreprise. Ca devrait se développer encore dans les années à venir et je ne peux que m’en réjouir.

(D.G) : Effectivement la « petite longueur d’avance » n’est pas un mythe
La meilleure réponse que je puisse donner sur ce sujet est : Lisez les nouvelles sur les sites américains et utilisez Internet pour voir ce qui se fait outre-Atlantique. Faites vous votre propre idée et créez les marchés de demain !

2πr – Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui souhaiteraient franchir le pas… ou plutôt l’océan ?

(C.L.M) : Déjà, il faut aimer un tant soit peu les Etats-Unis (si le souhait est de venir travailler ici, sinon il reste toujours le Canada !). Ensuite, il ne faut pas avoir peur de se lancer à l’aventure, c’est une grande experience enrichissante de tous les points de vue. C’est vrai que les premiers temps, c’est un peu difficile, il faut bien reconnaître que meme avec le TOEFFL en poche, la compréhension reste un peu dure mais on s’y fait vite (les américains ont une diversité d’accents impressionnante). Il faut bien entendu (et ce n’est pas a négliger), prendre toutes les informations sur l’endroit ou l’on va être (si on sait déjà où on va) et essayer de régler le maximum de détails avant le départ car une fois sur place… il faut être prêt à affronter un nouveau décor !

Je suis à 100% pour les stages à l’étranger et j’encourage l’EISTI à instaurer au moins un stage à l’étranger sur les trois ans de scolarité…

(D.G) : J’ai eu un chemin un peu particulier et je ne connais pas forcément le chemin courant.

Néanmois, voici quelques conseils :
Savoir ce que vous voulez faire exactement. En France, au moment d’une embauche, on aime dire qu’on veut faire beaucoup de choses. Ici, il vaut mieux dire qu’on est specialisé et que l’on veut apporter notre specialité avec nous,
– Ne pas négliger l’étape du visa qui prend du temps,
Avoir de l’énergie et ne pas avoir peur de travailler activement.

Enfin, pour réussir où que ce soit : réfléchir puis travailler, surtout travailler.

2πr -Merci pour toutes ces précisions !

A noter, à en juger l’Annuaire des Anciens, que les Etats-Unis demeurent la destination favorite des Anciens candidats à l’expatriation !

Souhaitons donc bonne chance à celles et ceux qui convoitent le rêve américain…

N’hésitez pas à faire part de vos remarques ou bien de vos témoignages en nous écrivant à l’adresse suivante : [email protected]