Témoignage d’Anciens : Spécial Banques

Spécial Banques

Pour cette édition, nous avons décidé de présenter un univers qui concerne chacun d’entre nous pour la vie de tous les jours, mais qui reste néanmoins mal connu, parce que très hermétique, dans son fonctionnement et ses besoins. C’est univers est celui des banques.

Pour éclairer nos lanternes, les témoignages recueillis sont ceux de deux jeunes diplômées, Elise Dagonneau (Promo 2000) et Laure Le Floc’h (Promo 2000). Elles vont nous raconter, chacune avec leur approche et leur profil original, les rouages internes d’une gande banque sur la place financière européenne ainsi que les profils recherchés.

Mais tout d’abord, voici leur fiche d’identité :

| Identité | Elise Dagonneau |
| Promotion de sortie EISTI | 2000 |
| Autres formations | Diplom Informatikerin der Technischen Universität Dresden (Allemagne)|
| Société, lieu | Dresdner Bank AG à Francfort-Allemagne |
| Poste occupé | Ingénieur analyste |
| Domaine | Gestion des transactions bancaires mondiales du Groupe |

et:

| Identité | Laure Le Floc’h |
| Promotion de sortie EISTI | 2000 |
| Autres formations | — |
| Société, lieu | Astek SA à Boulogne-France |
| Poste occupé | Prestataire de service depuis 1 an à la Société Générale à La Défense-France |
| Domaine | Analyse des crédits |

Nous avons donc deux regards sur le milieu bancaire : celui d’une interne, ainsi que celui d’une prestataire de service.

2πr – Beaucoup de gens décrivent le monde de la banque comme un univers fermé où la sélection à l’entrée est sévère et où la compétition demeure le maître mot. Quand est-il ?

Elise Dagonneau (E.D) : C’est vrai que la banque est un univers assez fermé dans le sens où, même en interne, les frontières sont bien nettes entre internes (employés de la banque) et externes (consultant ou prestataire de service). Dans le cas de la Dresdner Bank, les externes sont peu en contact avec les internes : ils ont leur propre salle et n’ont accès qu’à un nombre très réduit d’informations.

Je pense également que tout le monde ne peut pas rentrer dans une banque, il y a une sélection, tant au niveau des internes que des externes. Toutefois, je ne dirais pas que l’entrée y est très difficile. Bien-sûr pour y rentrer, j’ai dû envoyer mon dossier complet de candidature (i.e CV, lettre de motivation, diplômes, bulletins de notes des études supérieures et appréciations de stages), puis j’ai eu un entretien avec 3 responsables ( 1 DRH, 1 Directeur technique et le Responsable du service où je postulais). Toutefois, mon expérience des banques est assez limitée… je n’en connais bien qu’une… allemande et en Allemagne de surcroît !

Au niveau compétition, il faut savoir que la banque est avant tout une entreprise et qu’elle est confrontée aux mêmes problèmes et préoccupations que l’industrie par exemple. D’un point de vue personnel, je ne trouve pas qu’il y ait tant de compétition que cela ; c’est plutôt un univers sympa, je trouve…

Laure Paumard (L.P) : Effectivement, il y a une assez forte sélection à l’entrée. En tant que prestataire, j’ai dû passer un entretien téléphonique et trois entretiens « physiques » pour entrer à la Société Générale. Ces entretiens servent avant tout à évaluer notre motivation et notre capacité à bien réagir au stress. Cependant, je ne pense pas que ce soit un univers fermé dans le sens où il y a des personnes issues de toutes les cultures et de tous les milieux ici. Ce qui est certainement dû justement à l’esprit de compétition qui règne, c’est à dire que peut importe le « background » d’une personne, ce qui compte ce sont ses capacités et sa motivation.

Le côté négatif à mon avis est que certains n’hésitent pas à prendre appui sur les autres quitte à les couler pour faire de meilleurs résultats, mais je crois que ça arrive partout. Par contre, au niveau motivation c’est très intéressant, il y a une sorte d’émulation et on est capable d’oublier toutes les antipathies pour travailler ensemble.

2πr – Quels sont les besoins des banques en matière de Technologie de l’Information ?

E.D : Là aussi, je me fonde sur mon expérience de la Dresdner Bank. Disons que la banque, comme les autres institutions, a un besoin important de personnes qualifiées dans le domaine de l’IT (ndlr : Information Technology), mais qu’elle ne sait pas correctement évaluer son personnel. Pour être plus précise, la banque a besoin d’ingénieurs ayant étudié l’informatique, c’est indéniable, mais moins qu’elle ne se l’imagine. Il y a donc de réelles opportunités à tous les niveaux d’expérience à condition de bien définir son poste pour ne pas se retrouver à perdre son temps.

Pour les technologies et outils, il y a actuellement de tout : de la vieille base de donnée hiérarchique (ndlr : système réalisé par IBM dans les années 50) à des nouveaux produits comme SQL Server 2000, le XML (eXtensible Markup Language), ASP (Active Server Pages), etc… Disons que ce qui reste primordial ce sont la sécurité et la stabilité. Du coup pour les systèmes importants, vitaux pour la banque, ce sont des technologies sures qui sont utilisées, même si elles ont 10-15 ans d’âge ou voire plus. Les banques ont bien-entendu besoin de technologies de pointe, d’outils rapides, mais comme les outils modernes ne sont pas nécessairement les plus sûrs, elles préférent garder leurs bonnes vieilles recettes ! Cependant, une chose est sure : les banques ont d’énormes moyens financiers… elles peuvent donc se payer des outils de grande qualité avec des mises à jour hebdomadaire. Par conséquent, celui qui vient dans la banque sera confronté d’une part aux toutes dernières technologies, mais également aux vieilles technologies qui ont fait leurs preuves.

L.P : Tout ce qui est rapide et efficace, même si c’est cher.

2πr – D’une manière générale, faut-il avoir de solides connaissances en finance et comptabilité ?

E.D : Je dirai que cela dépend du service visé. D’une manière générale, notre formation à l’EISTI en finance et gestion des entreprises est un sérieux atout puisqu’elle nous permet de cerner plus rapidement les problèmatiques. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue le fait que ces enseignements constituent une base et que le reste sera appris sur le terrain.

L.P : Je n’avais que celles acquises à l’Ecole (sans avoir pris l’option ingénierie financière). C’est un plus mais ce n’ai pas indispensable. Par contre il faut aimer ça pour faire une carrière intéressante. La motivation de l’argent n’est pas suffisante quand on ne comprend rien à ce que l’on fait. On apprend beaucoup et en très peu de temps mais on assimile moins vite (c’est à dire qu’on comprend tout ça au fil de l’eau… et on en voit les implications plus tard).

2πr – Sachant que l’Ecole propose depuis quelques années une option Ingénierie Financière qui s’applique très bien aux salles de marché, est-ce un atout incontestable pour les applications plus techniques ?

E.D : Le « plus » de cette formation est que l’on a déjà une idée du milieu et aussi peut-être une aisance à comprendre le fonctionnement des banques, mais encore une fois cela dépend du service… trader dans la salle de marché ou administrateur réseau, c’est très différent ! Disons qu’avec une telle formation, formation que j’ai suivie, le spectre d’opportunité est à son niveau le plus étendu.

L.P : Au niveau BO (ndlr : BO = Back-Office), d’après ce que j’ai vu, il faut surtout de bonnes compétences comptables. Au niveau financier, c’est beaucoup plus léger mais pour travailler sur les nouveaux produits (ce que je fais) il est incontestable que c’est un plus surtout pour s’imposer à une place intéressante. Les personnes que je connais au BO sont des femmes qui passent le plus clair de leur temps à pointer des fichiers xls à la main…

2πr – Quelles sont les évolutions de carrières dans les banques ?

E.D : Les évolutions de carrières sont multiples. Elles se présentent comme dans toute entreprise sous forme d’opportunité en fonction du travail accompli, mais d’un point de vue général, étant donné la taille de la structure, il faut être patient.

L.P : Elles sont nombreuses, tout dépend de l’implication que l’on veut avoir. On a vite fait d’arriver à 50 heures par semaines dès qu’on dépasse le stade de « grouillot ». Il faut savoir prendre du recul par rapport à tout ça. Et surtout savoir dire non et toujours tout prioriser.

2πr – La banque est-elle un univers plutôt féminin ?

E.D : C’est ce que l’on pense en allant retirer son argent au guichet, mais dans la salle de marché et comme toujours dans le service informatique (dans le front-office en général), la réalité est tout autre…

L.P : Non, la banque est un univers typiquement masculin. Ce qui lui apporte ce besoin de gagner toujours plus à tout prix et tout le temps. Les postes clefs sont tous occuper par des hommes. Seul le BO et le travail de secrétaire sont entièrement féminins. Au Front Office, rares sont les femmes et c’est à peine mieux au Middle Office. Ce sont pourtant elles qui font les horaires les plus lourds et qui sont le moins bien rémunéré. Il n’y a pas d’égalité à ce niveau là… pourtant les syndicats ne s’occupent que de demander une dixième (environ) semaine de congés payés. En informatique où il y a un très fort taux de prestataires, il n’y a pas plus de 5% de femmes je pense.

2πr -Merci pour toutes ces précisions !

A noter tout de même que la banque est un milieu qui réussi particulièrement bien aux Eistiennes ainsi qu’aux Eistiens, à en juger l’Annuaire des Anciens, puisqu’en quelques années, elles et ils arrivent à briguer des postes de Directeur de département ! Souhaitons donc bonne chance à celles et ceux qui veulent se lancer également dans l’aventure…

Grâce à ces deux témoignages, avec un regard interne d’un côté et un regard d’externe de l’autre, nous espérons que vous pourrez vous faire une meilleure idée du monde de la banque.

N’hésitez pas à faire part de vos remarques ou bien de vos témoignages en nous écrivant à l’adresse suivante : [email protected]